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Doubor conduit Sadak à Kalasrade (Les Contes des génies, t. 3, 1782)

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Date :
Entre 1766 et 1782
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Sujet de l'image :
Y2-9171

Analyse

Kalasrade, la fidèle épouse de Sadak, a été enlevée par le sultan Amurath, qui la séquestre dans son sérail. Amurath est follement amoureux, mais sur les consils de Doubor, le chef des eunuques, favorable à Sadak, elle a fait promettre au sultan de ne rien entreprendre contre elle tant qu’il ne lui aurait pas apporté de l’eau de la fontaine d’Oubli. La vertu de Kalasrade est donc préservée grâce à ce fragile subterfuge.
Amurath fait venir Sadak à sa cour pour lui demander d’aller chercher cette eau, sans lui expliquer bien sûr à quelle fin. Doubor cependant fait entrer Sadak dans le sérail. Ils arrivent ensemble devant les appartements de Kalasrade, et voient les pantoufles du sultan à l’entrée. Sadak est persuadé que le sultan est dans les bras de son épouse ! Entendant du bruit, Amurath sort et surprend Doubor avec ce qu’il croit être un « muet », qui pleure contre son sein.
La gravure est insérée comme s’il s’agissait de ce moment : Amurath ne reconnaît pas Sadak, que Doubor a déguisé en muet et dont il dissimule le visage dans son vêtement :

« [Sadak] étoit comme le sanglier de la forêt, percé des traits de mille chasseurs.
Au milieu de son affliction, la porte s’ouvrit. Amurath parut. Sadak tomba la face contre terre.
“Doubor, dit le Sultan, où étois-tu ? où sont les gardes ? Quel est ce muet qui reposoit tout-à-l’heure sur ton sein  ? Que fais-tu à cette porte dans l’ombre épaisse de la nuit” ?
“O glorieux Monarque ! répondit Doubor, lorsque mon Maître s’est retiré pour reposer, je suis venu faire ma ronde accoutumée, examinant toutes les gardes pour voir par mes yeux si tout étoit dans l’ordre & chacun à son poste. A mon retour m’appercevant que mon Seigneur étoit levé, j’ai appelé ce muet, n’ôsant troubler la démarche secrette de mon Maître par le bruit de sa garde, & je t’ai suivi à l’appartement de ta belle Kalasrade. J’attendois ici, dans la pensée que mon Seigneur pouvoit avoir des ordres à donner à son esclaves ; ce muet est tombé malade ; &, par compassion, je le laissois s’appuyer contre ma poitrine…” »

Mais il ne peut s’agir de cet épisode car le personnage de droite est une femme : ce ne peut être que Kalasrade. Il faut donc se reporter quelques pages plus loin, quand, après avoir endormi la méfiance d’Amurath par ses discours trompeurs, Doubor conduit Sadak auprès de Kalasrade :

« Dès qu’elle le reconnut déguisé sous l’habit d’un muet, elle vôla à sa rencontre. Ses yeux exprimoient les transports de son cœur. La joie, la crainte, la surprîse, l’amour agitoient son âme. Elle le pressoit entre ses bras & contre son sein.
“O Sadak ! s’écria-t-elle, en l’arrosant des larmes de sa joie, l’âme de mon âme, le roi de mes pensées, la vie de mon cœur, le protecteur de ma vertu. Ah ! combien j’ai soupiré après cet heureux moment ! oh ! combien Kalasrade a souffert de ton absence !…” »

Le personnage à l’arrière-plan est donc Doubor, tandis que c’est Kalasrade sur le sopha qui relève Sadak pour le prendre dans ses bras.

Sources textuelles :
[Ridley,] The Tales of the Genii (1764, tr. fr. 1766)
Neuvième partie. Suite du Conte de Sadak & de Kalasrade.

Informations techniques

Notice #016842

Image HD

Identifiant historique :
B6161
Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
https://gallica.bnf.fr