Le Petit Poucet (Cabinet des fées, t1, 1785) - Marillier
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Analyse
ĂgarĂ©s dans la forĂȘt, le petit Poucet et ses frĂšres demandent lâhospitalitĂ© Ă la femme de lâogre. Lâogre rentre chez lui, la bonne femme cache les enfants, mais lâogre sent leur odeur. Les enfants sont temporairement sauvĂ©s par le discours de la femme de lâogre, qui est mis en scĂšne ici.
« LâOgre demanda dâabord si le soupĂ© estoit prest & si on avoit tirĂ© du vin, & aussi-tost se mit Ă table. Le Mouton estoit encore tout sanglant, mais il ne luy en sembla que meilleur. Il fleuroit Ă droite & Ă gauche, disant quâil sentoit la chair fraiche. Il faut luy dit sa femme, que ce soit ce veau que je viens dâhabiller que vous sentez. Je sens la chair fraĂźche, te dis-je encore une fois, reprit lâOgre en regardant sa femme de travers, & il y a icy quelque chose que je nâentens pas ; en disant ces mots, il se leva de Table, & alla droit au lit. Ah, dit-il voilĂ , donc comme tu veux me tromper maudite femme, je ne sçais Ă quoi il tient que je ne te mange aussi, bien tâen prend dâestre une vieille beste. Voila du Gibier qui me vient bien Ă propos pour traiter trois Ogres de mes amis, qui doivent me venir voir ces jours-icy. Il les tira de dessous le lit, lâun aprĂ©s lâautre. Ces pauvres enfans se mirent Ă genoux en luy demandant pardon, mais ils avoient affaire au plus cruĂ«l de tous les Ogres, qui bien loin dâavoir de la pitiĂ©, les dĂ©voroit dĂ©jĂ des yeux, & disoit Ă sa femme que ce seroient lĂ de friands morceaux lorsquâelle leur auroit fait une bonne sausse. Il alla prendre un grand Couteau, & en approchant de ces pauvres enfans, il lâaiguisoit sur une longue pierre quâil tenoit Ă sa main gauche. Il en avoit dĂ©jĂ empoignĂ© un, lorsque sa femme luy dit, que voulez-vous faire Ă lâheure quâil est, nâaurĂ©s-vous pas assez de temps demain matin ? Tais-toy, reprit lâOgre, ils en seront plus mortifiĂ©s. Mais vous avez encore lĂ tant de viande, reprit sa femme : voilĂ un Veau, deux & la moitiĂ© dâun cochon. Tu as raison, dit lâOgre, donne-leur bien Ă souper affin quâils ne maigrissent pas, & va les mener coucher. »
1. En haut à gauche (presque effacé) « Le petit Poucet », à droite « Tom 1. pag. 70 »
Légende dans le cartouche sous la gravure : « Voila du gibier qui me vient bien a propos | pour traiter trois Ogres de mes amis. ».
Signé et daté sous le cartouche à gauche « C. P. Marillier inv. », au centre « 1785 », à droite « R. Delvaux fecit. »
La gravure est insérée aprÚs la p. 90, la phrase de la légende est au centre.
Informations techniques
Notice #016790