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Vénus devant Énée à Carthage (Énéide, Strasb., 1502) - J. Grüninger > S. Brant

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Date :
1502
Nature de l'image :
Gravure sur bois
Lieu de conservation :
Cod. Heid. 370,319 (Signatur/Shelfmark UB)

Analyse

Le sujet de la gravure est l'apparition de Vénus à Énée. Le vers le plus célèbre qui figure cette apparition, et vera incessu patuit dea (et sa démarche a révélé la déesse, v. 405) viendra beaucoup plus loin. Les 4 vers sous la gravure introduisent l'image et décrivent le haut de la gravure, par laquelle on entre dans la composition : c'est l’arrivée de Mercure, qui précède cette rencontre :

Haec ait et Maia genitum demittit ab alto,
ut terrae utque novae pateant Karthaginis arces
hospitio Teucris, ne fati nescia Dido
finibus arceret. Volat ille per aera magnum (I, 297-300)

[Ainsi parle Jupiter, et des hauteurs il envoie le fils de Maia (=Mercure) faire en sorte que le territoire et la place forte de Carthage, ville neuve, offrent leur hospitalité aux Troyens ; que Didon, qui ne sait pas quel est le destin, n'aille pas leur interdire ses frontières. Mercure s'envole, rame de ses ailes à travers l'air immense…trad. P. Veyne ]

La gravure s'organise à partir de son centre : Énée et Achate armés d'arcs et de lances quittent leur vaisseau, qui mouille sur le rivage derrière eux à gauche et arrivent devant Vénus vêtue en vierge spartiate chasseresse. Autour du groupe formé par Énée et Achate, sont disposés quatre ensembles aux quatre coins de l'image : en haut à gauche, Mercure, dépêché par Jupiter pour bien disposer les Carthaginois envers les Troyens ; en haut à droite, Carthage est la destination de la mission que Jupiter a confiée à Mercure ; en bas à droite, Vénus qui vient à la rencontre des deux Troyens désigne les douze cygnes poursuivis par un aigle qu'elle évoque dans son discours à Énée :

« Vois ces cygnes, au nombre de deux fois six, joyeux de s'être réunis. L'oiseau de Jupiter, glissant du haut des régions éthérées, les dispersait dans l'espace du ciel, mais maintenant on voit leur longue file prendre possession de la terre ou, de là haut, la regarder déjà comme possédée ; de leurs ailes stridentes ils fêtent leur retour, leur troupe a tournoyé dans le ciel et chanté à pleine voix. De même tes navires et tes jeunes équipages sont au port ou y pénètrent à pleines voiles. » (393-400)

Le sujet Mercure est en haut articulé à l'objet Carthage, comme le sujet Vénus est en bas articulé à l'objet cygnes. L'objet est l'objet grammatical du discours de Jupiter à Mercure, puis de Vénus à Énée. Cette articulation grammaticale est toujours l'articulation médiévale de l'image. Bien qu'Énée et Achate soient placés devant Vénus, ils ne la rencontrent pas visuellement, plastiquement. Énée regarde les cygnes, qui désignent le contenu du discours de Vénus : autrement dit, il écoute Vénus, mais il ne la voit pas. L'ordre du discours prévaut, malgré la mise en place du nouveau système des territoires.

Annotations :

2. Folio CXXXVII verso.

Sources textuelles :
Virgile, Énéide, Livre 01 (Tempête, Arrivée à Carthage, Accueil de Didon)
v. 297-300

Informations techniques

Notice #008145

Image HD

Identifiant historique :
A7464
Traitement de l'image :
Image web