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Propos facétieux d’un cordelier (Heptaméron N11, Amsterdam, 1698)

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Date :
1698
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre, taille-douce (au burin)
Dimensions (HxL cm) :
7,5x7,9 cm
Sujet de l'image :
F.A. in-8° E431e (1er volume)

Analyse

L’édition Gallet illustrée par Romeyn de Hooghe (1698) suit l'édition Gruget (1559) qui a censuré et remplacé plusieurs nouvelles de l’Heptaméron sous Henri II, dont celle-ci. La nouvelle originale de Marguerite de Navarre (connue par plusieurs manuscrits conservés à la BNF) était scatologique. Elle est résumée comme suit dans le sommaire d'A. de Thou (Bnf Ms FR1524 daté de 1553) :

« Madame de Roncex, estant aux Cordeliers de Thouars, fut si pressée d’aler à ses affaires, que, sans regarder si les anneaux du retraict estoyent netz, s’ala seoir en lieu si ord, que ses fesses et abillemens en furent souillez, de sorte que, cryant à l’aide et desirant recouvrer quelque femme pour la netoyer, fut servye d’hommes, qui la veirent nue et au pire estat que femme ne sçauroit montrer. »

La gravure ne représente aucunement cette histoire scatologique.

Dans le récit de Gruget, il est question d'un cordelier de Tours qui, dans ses sermons, « n'ayant quelquesfois de quoy payer pour achever son heure s'amusoit à faire des comptes ». Pour un sermon de Pâques, le voilà en panne d'inspiration sur le thème de l'agneau pascal. Il demande aux jolies femmes de l'assistance « si elles ne sçavoient que c'estoit de manger de la chair creuë de nuict ». Il enchaîne avec d'autres « propos facétieux », toute l'assemblée rit, continue de même aux sermons suivants, et « renversoit le sens du texte à loisir » : une main en son bâton, pour un bâton en sa main ; une fille engrosse un moine pour un moine engrosse une fille…

La gravure représente à droite le cordelier monté dans une chaire à prêcher, faisant de grands gestes tandis qu'il tient ses propos facétieux. La main droite pousse vers le bas, tandis que la gauche élève vers le haut : c'est le mouvement d'un renversement. La chaire est décorée de statues allégoriques, représentant sans doute les vertus théologales.

L'église est comble : visiblement le prédicateur fait sensation. En bas à droite, le prêtre plus modestement se tient à son pupitre, avec deux chapeaux dans ses mains, sans doute le sien et celui du prédicateur qu'il a invité : les hommes doivent en signe de respect rester nu tête dans une église. Obligé de tenir les chapeaux, le prêtre ne peut intervenir ni manifester sa désapprobation. En haut à gauche, apparemment sur un jubé, se dresse un groupe sculpté représentant la Passion du Christ, c'est-à-dire ce qui devrait être le thème du prêche. Au fond, vers le centre, un homme désigne le Christ en croix, comme pour rappeler au cordelier ce thème qu'il a quelque peu oublié. Plusieurs visages, dans l'assistance, sourient ou rient.

Annotations :

2. 2e journée, 11e nouvelle.

Sources textuelles :
Marguerite de Navarre (1492-1549), L’Heptaméron (1542-1546)
Nouvelle 11, LP, p. 200

Informations techniques

Notice #007601

Image HD

Identifiant historique :
A6920
Traitement de l'image :
Photographie numérique