Aller au contenu principal

Le Mandylion (Monastère de Dionysiou, Mont Athos)

Date :
1550
Nature de l'image :
Fresque
Sujet de l'image :
Aghion Oros

Analyse

Dans les années 30 de notre ère, Hannan (ou Ananias, selon les versions) archiviste et peintre officiel du toparque d’Edesse Abgar V Ukama, dit le Noir (9-46), aurait peint le portrait du Christ sur un linge de coton blanc dont ce dernier venait de se servir pour essuyer la sueur de son visage. C’est la version la plus ancienne (Doctrine d’Addaï) et la moins miraculeuse de l’histoire. Ce linge aurait ensuite été collé sur une planche, en conservant les franges qui en décoraient la bordure, et ramené au roi Abgar, malade (lépreux ?), à Edesse. Mais très vite, il n’est plus question d’un peintre : Abgar ayant demandé au Christ son portrait, celui-ci s’essuya sur un linge et son image s’imprima miraculeusement, sans intervention d’une main d’homme (en grec, acheiropoietos ; en français, achiropiite ; version des Acta Thaddei).
Cette histoire est rapportée dans plusieurs textes apocryphes syriaques rédigés entre le IVe et le IXe siècle : la Doctrine d’Addaï (antérieure au VIe siècle), les Actes de Thaddée (remaniés au VIe siècle). Elle est reprise dans le Pseudo-Constantin, écrit vers l’an 945 à la cour de Constantin VII Porphyrogénète. Voir aussi dans Eusèbe de Césarée l’Épitre de Jésus Christ à Abgar roi d’Édesse (où il n’est pas question d’image).
Le Christ aurait envoyé un message à Abgar : « Je te fais parvenir ce linge sur lequel l’image non seulement de ma face, mais de tout mon corps a été divinement transformée. » Abgar guéri de sa maladie se serait converti au christianisme. Les successeurs d’Abgar étant revenus au paganisme, l’évêque d’Édesse aurait caché l’image miraculeuse à l’intérieur d’un mur, et se servant d’une lampe à huile, l’aurait fixée contre une tuile, où elle se serait miraculeusement redupliquée, donnant naissance au Keramion.
En 525, une inondation détruit la ville d’Édesse. Lors de sa reconstruction, on découvre un linge caché dans une niche au dessus de la porte Ouest de la ville, portant une image du Christ. Ce linge, sous le nom de Mandylion, est alors identifié au portrait qui aurait été offert à Abgar. Dans une autre version, l’image est redécouverte à la veille de l’invasion perse grâce à une vision de l’évêque d’Édesse. L’huile qui continuait à brûler dans le mur et coulait de l’image aurait servi à repousser les Perses.
L’empereur Justinien fait construire en l’honneur du mandylion un sanctuaire : la cathédrale Saint Sophie d’Edesse. C’est à cette époque qu’apparaît dans l’art une iconographie du Christ vu de face. Le mandylion passe ensuite aux mains des musulmans. Les califes de Bagdad le remettent à l’évêque Abraham de Samestate. En 944, le Mandylion arrive à Constantinople, où il est conservé à la chapelle Sainte-Marie des Blachernes, la chapelle du palais impérial.
Le Mandylion disparaît en 1203 lors du pillage de Constantinople par les Croisés. Il serait passé en France, à Lirey. Mais le Suaire conservé à Turin, s’il est le même que celui de Lirey, daterait du XIIIe ou du XIVe siècle...
   

Annotations :

1. De part et d’autre de la Sainte Face, on peut lire IC | XC (Ièsous Christos) et en dessous TOAGION | MANDILION (le Saint Mandylion). Sur l’auréole marquée d’une croix, trois lettres omicron, oméga, nu : lire [eimi] ho ôn, je suis celui qui est.

2. Cette fresque provient très probablement de la chapelle en ruine de Hagioi Pantes (tous les saints), au monastère de Dionysios (Μονή Διονυσίου).

3. L’église saint Démétrios de Pec (nord du Kosovo), possède une fresque représentant le Mandylion et le Keramion, peinte par Georgije Mitrofanovic, en 1619-20.

Informations techniques

Notice #007527

Image HD

Identifiant historique :
A6846
Traitement de l'image :
Image optimisée par Esrgan