La mort de M. de Climal (La Vie de Marianne, 5e partie, éd. 1778)- Schley
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Analyse
Marianne est convoquée chez M. de Climal, qu’elle n’a pas revu depuis l’explication orageuse avec le père Saint-Vincent, où elle l’a accusé de séduction. Pleine d’appréhension, Marianne arrive à son chevet, pour assister au repentir du faux dévot mourant qui, pour se faire pardonner, lui lègue un petit pécule. Valville, à droite, assiste à la scène, un mouchoir sur le visage pour cacher son émotion.
Bien que la tonalité soit assez différente des grands modèles historiques, c’est ici la scène type des « ultima momenta », des derniers instants du mourant qui prononce à cette occasion un mémorable et vertueux discours. Poussin a représenté deux fois une telle scène, dans La Mort de Germanicus, pour le grand genre historique, et dans Le Testament d’Eudamidas, dans un style plus intime. Marianne reprend ici la place qui était celle d’Agrippine, ou de l’épouse d’Eudamidas. Mais elle n’est pas du tout l’épouse de Climal ! Il y a là très certainement une intention inconsciente parodique de Marivaux, qui prend bien soin d’éloigner Mme de Miran de la pièce.
La scène privilégiée par Schley est celle de la confession de M. de Climal au père Saint-Vincent. C’est même plutôt ici ce dernier qui s’adresse au mourant pour l’admonester. Marianne et Valville, qui encadrent cet échange, occupent l’espace vague de la scène, tandis que l’espace restreint est délimité par le lit. Relevé d’un côté, au-dessus de la tête du prêtre, le rideau, qui constitue l’écran, marque la position intermédiaire de ce dernier : le prêtre est le médiateur entre le monde et la mort, entre la sociabilité de la chambre et l’espace, déjà mortuaire, du lit. Lui seul franchit l’écran, que souligne le pilastre sur le mur.
1. Signé et daté en bas à gauche, sous la gravure « J. V. Schley fecit 1736. »
Au-dessus de la gravure, à droite, « V. Part. »
Informations techniques
Notice #006987