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Judith et Holopherne - Caravage

Date :
1599
Nature de l'image :
Peinture sur toile
Dimensions (HxL cm) :
144x195 cm

Analyse

La scĂšne se passe dans la tente d'Holopherne, le gĂ©nĂ©ral qui dormait est tirĂ© par les cheveux et a la gorge tranchĂ©e par l'Ă©pĂ©e que tient Judith, Ă  droite une vieille servante tient un sac pour recueillir la tĂȘte coupĂ©e.

« Holopherne Ă©tait Ă©tendu sur son lit, plongĂ© dans l'assoupissement d'une complĂšte ivresse. Judith avait dit Ă  sa servante de se tenir dehors devant la chambre, et de faire le guet. Debout devant le lit, Judith pria quelque temps avec larmes, remuant les lĂšvres en silence : “Seigneur, Dieu d'IsraĂ«l, disait-elle, fortifiez-moi, et jetez en ce moment un regard favorable sur l'Ɠuvre de mes mains
” Elle s'approcha de la colonne qui Ă©tait Ă  la tĂȘte du lit d'Holopherne, dĂ©tacha son Ă©pĂ©e qui y Ă©tait suspendue et,  l'ayant tirĂ©e du fourreau, elle saisit les cheveux d'Holopherne, en disant : “Seigneur Dieu, fortifiez-moi Ă  cette heure !” Et de deux coups sur la nuque, elle lui trancha la tĂȘte. »  (Judith 13, 4-10)

Comme l'action et le rĂ©cit, la tĂȘte est au centre du tableau: le visage  d'Holopherne hurlant de douleur, les yeux rĂ©vulsĂ©s, il essaie de voir ce qui se passe, ses mains prennent appui pour se relever, sa tĂȘte dĂ©jĂ  Ă  moitiĂ© coupĂ©e, vacille
 le peintre reconstruit un vĂ©ritable instantanĂ©.

Judith vient de se retourner pour agir: de sa main elle tient fermement une lourde arme de guerre, dont elle se sert avec aisance, mais sa main est crispĂ©e, son visage est tendu et une ride marque un certain dĂ©goĂ»t. Le visage de la servante exprime la stupĂ©faction par les yeux et le dĂ©goĂ»t par la moue : elle tend un pan de sa robe, elle  va porter cette tĂȘte comme elle porte habituellement des marchandises.

Au-delĂ  des gestes et des expressions, le clair-obscur donne un sens religieux Ă  la scĂšne. La lumiĂšre divine vient de trĂšs haut Ă  gauche, Ă©clairant presque verticalement l'Ă©paule de l'homme et le buste de la femme. Elle dĂ©coupe le corps d'Holopherne en plusieurs morceaux, avant qu’il ne le soit rĂ©ellement par le glaive. Judith sort de l'ombre, elle est Ă©clairĂ©e par Dieu, ses bras guidĂ©s par lui,  c'est son geste qui est lumineux, son visage aussi, car sa dĂ©termination est fondĂ©e sur sa foi.

Annotations :

2. « Il peignit pour les seigneurs Costi une Judith qui coupe la tĂȘte d’Holopherne ». Cette citation de Baglione (1642) a permis d’identifier cette toile comme du Caravage (P. Longhi) : elle Ă©tait rĂ©putĂ©e perdue jusqu’à sa dĂ©couverte en 1950 par Pico Cellini dans la collection de la famille Coppi.

3. La toile d’Artemisia Gentileschi, mais aussi celle postĂ©rieure de Valentin de Boulogne, ont certainement inspirĂ© cette toile. Il en existe une version postĂ©rieure, datĂ©e de 1607, Ă  Naples, considĂ©rĂ©e aujourd’hui comme une copie.

Sources textuelles :
Judith
XIII, 6-12 (Bible de Jérusalem, p. 695)

Informations techniques

Notice #006246

Image HD

Identifiant historique :
A5565
Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
Wikimedia commons