Lâhomme et son image (Fables de La Fontaine, Barbin, 1668) - Chauveau
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Analyse
Pour M.L.D.D.L.R. :
Un Homme qui sâaimait sans avoir de rivaux
Passait dans son esprit pour le plus beau du monde :
Il accusait toujours les miroirs dâĂȘtre faux,
Vivant plus que content dans son erreur profonde.
Afin de le guérir, le Sort officieux
Présentait partout à ses yeux
Les conseillers muets dont se servent nos Dames :
Miroirs dans les logis, miroirs chez les marchands,
Miroirs aux poches des Galands,
Miroirs aux ceintures des femmes.
Que fait xnotre Narcisse ? Il se va confiner
Aux lieux les plus cachĂ©s quâil peut sâimaginer,
Nâosant plus des miroirs Ă©prouver lâaventure.
Mais un canal, formé par une source pure,
Se trouve en ces lieux écartés :
Il sây voit, il se fĂąche ; et ses yeux irritĂ©s
Pensent apercevoir une chimĂšre vaine.
Il fait tout ce quâil peut pour Ă©viter cette eau.
Mais quoi, le canal est si beau
Quâil ne le quitte quâavec peine.
On voit bien oĂč je veux venir.
Je parle Ă tous ; et cette erreur extrĂȘme
Est un mal que chacun se plaĂźt dâentretenir.
Notre Ăąme câest cet Homme amoureux de lui-mĂȘme ;
Tant de miroirs, ce sont les sottises dâautrui,
Miroirs, de nos défauts les peintres légitimes ;
Est un mal que chacun se plaĂźt dâentretenir.
Notre Ăąme câest cet Homme amoureux de lui-mĂȘme ;
Tant de miroirs, ce sont les sottises dâautrui,
Miroirs, de nos défauts les peintres légitimes ;
Et quant au canal, câest celui
Que chacun sait, le livre des Maximes.
1. Signé « F. C. » en bas au centre gauche.
2. Livre I, Fable 11.
3. Les Maximes quâĂ©voque le poĂšme sont les Maximes de La Rochefoucauld, qui viennent de paraĂźtre.
Informations techniques
Notice #004745