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Roger tente de violer Angélique (Roland furieux, Valgrisi, 1560, chant 11)

Date :
Entre 1556 et 1560
Nature de l'image :
Gravure sur bois
Dimensions (HxL cm) :
21,2x14,3 cm
Sujet de l'image :
RĂ©sac yd 389

Analyse

Au premier plan, Ă  gauche, Roger, pris d’un furieux dĂ©sir pour AngĂ©lique qu’il vient de dĂ©livrer de l’orque des Ébudiens, cherche fĂ©brilement Ă  se dĂ©barrasser de son armure (X, 114-115). AngĂ©lique Ă  droite, baissant pudiquement les yeux sur sa nuditĂ©, tombe sur l’anneau magique (str. 3) que Roger lui avait mis au doigt (anneau qui lui avait appartenu, que Brunel lui avait volĂ© dans le Roland amoureux, que Bradamante avait repris Ă  Brunel au chant IV du Roland furieux, puis confiĂ© Ă  MĂ©lisse qui le donne Ă  Roger au chant VIII).     GrĂące Ă  cet anneau, AngĂ©lique pourra disparaĂźtre et Ă©chapper Ă  Roger. Au second plan Ă  gauche, elle se rĂ©fugie dans une caverne souterraine oĂč elle trouve de la nourriture (str. 9). Le berger qui habite cette caverne (PAS) en sort au moment oĂč elle entre : elle ne se fait pas voir (str. 10). Au-dessus de la caverne, AngĂ©lique grossiĂšrement vĂȘtue s’empare de l’une des cavales du berger (str. 12).    

Au centre de la gravure, Roger (RVG) lĂšve les yeux et les bras au ciel en constatant que son hippogriffe, qu’il avait oubliĂ© d’attacher, s’est envolĂ© (en haut de la gravure, str. 13-14).    

Sur la droite, Roger sortant de la forĂȘt surprend un gĂ©ant (GIG) terrassant un guerrier, qu’il prend pour Bradamante (BRA, str. 18-19). Au-dessus, Roger tente de poursuivre le GĂ©ant qui emporte Bradamante sur son dos (str. 20).    

En haut est reprĂ©sentĂ© l’épisode de Roland chez les Ébudiens : Roland arrive lentement en bateau en vue de l’üle d’Ébude. Voiles remontĂ©es, ancre jetĂ©e sur la gauche, le bateau est Ă  l’arrĂȘt. Sur la droite, Roland s’avance en canot jusqu’à l’écueil oĂč Olympe (OLIM) est attachĂ©e (Roland ne la reconnaĂźt que str. 54). AprĂšs avoir plantĂ© une ancre dans la gueule de l’orque, il tire le cĂąble pour la ramener sur la rive (str. 41-42). ComplĂštement Ă  gauche, craignant les reprĂ©sailles de ProtĂ©e, les Ébudiens assaillent Roland qui les met en piĂšces (str. 46-51), pendant que les Irlandais, qui ont envahi l’üle mettent le feu aux habitations (coin supĂ©rieur gauche, str. 52).    

Entre le massacre des Ébudiens et le halage de l’orque, le graveur a intercalĂ© la rencontre de Roland (OR) et d’Obert (OBE) : les deux chevaliers s’embrassent devant Olympe nue (str. 59-64).    

Tout en haut sur la gauche, la flotte d’Obert se dirige vers l’Irlande, emmenant Olympie et Roland (str. 77). Puis d’Irlande Roland passe en France, matĂ©rialisĂ©e par une autre Ăźle plus Ă  droite (str. 78).        

La composition de la gravure est tripartite, le territoire central constituant une sorte de triangle dont la base est le cĂŽtĂ© droit de la gravure. En bas se dĂ©ploie la contre-performance (c’est le moins qu’on puisse dire !) de Roger, qui trahit Bradamante et Ă©choue Ă  violer AngĂ©lique. Au centre Roger laissant filer son hippogriffe est placĂ© entre la fuite d’AngĂ©lique Ă  gauche (la tentation du vice) et la fausse vision de Bradamante en danger Ă  droite (le retour Ă  la vertu). C’est ici le lieu du retournement symbolique. Le haut est occupĂ© par les exploits de Roland, le seul chevalier absolument dĂ©sintĂ©ressĂ© : les valeurs se refondent ici, mais dans la parodie de la chevalerie, puisque Roland ne tire aucune gloire de son hĂ©roĂŻque exploit ; les Ébudiens dĂ©livrĂ©s lui tombent dessus et Olympe Ă©choit (avec sa bĂ©nĂ©diction) Ă  Obert. Le don d’Olympe Ă  Obert constitue le point culminant du dĂ©sintĂ©ressement de Roland : le graveur le place au centre de l’üle, comme couronnement du haut fait (le halage de l’orque Ă  droite) et de son envers moins hĂ©roĂŻque, le massacre des Ébudiens : ici encore la disposition des Ă©pisodes dans l’espace obĂ©it moins Ă  des contraintes gĂ©omĂ©trales que symboliques.

Annotations :

1. Gravure en verso, sur page de gauche. NumĂ©ro de page en haut Ă  gauche, 102 ; en-tĂȘte centrĂ©, CANTO [VNDECIMO, p. 103].

3. Dans l’édition Franceschi, AngĂ©lique nue est tournĂ©e de dos, par pudeur ? Sur la figuration d’AngĂ©lique comme dĂ©tournement Ă©rotique de la VĂ©nus pudique, dite VĂ©nus du Cnide, voir la gravure de l’édition Valvassori (lien).

Sources textuelles :
Roland furieux, chant 11 (Combats contre l’orque)
Sujet de recherche :
Iconographie du Roland furieux

Informations techniques

Notice #002181

Image HD

Identifiant historique :
A1500
Traitement de l'image :
Scanner
Localisation de la reproduction :
Collection particuliĂšre (Cachan)