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Roger fuit le palais d’Alcine (Roland furieux, Valgrisi, 1560, chant 8)

Attribution incertaine
Date :
Entre 1556 et 1560
Nature de l'image :
Gravure sur bois
Dimensions (HxL cm) :
21,3x14 cm
Sujet de l'image :
RĂ©sac yd 389

Analyse

Au premier plan Ă  droite Roger, qui a rĂ©cupĂ©rĂ© ses armes , met en dĂ©route les gens d’Alcine qui tentent d’empĂȘcher sa fuite dans la cour du palais, ici entourĂ©e d’une palissade de bois (str. 3).    

Au second plan Ă  gauche Roger (RVG) est attaquĂ© par le serviteur au gerfaut, reprĂ©sentĂ© sortant d’un bois une lance Ă  la main : Ă  la gauche de Roger, le chien du serviteur lui mord le pied ; au-dessus de lui, l’oiseau de proie fond sur lui ; Ă  sa droite, le cheval du serviteur lui lance une ruade (str. 4-9).    

Au second plan Ă  droite, MĂ©lisse (MELI) libĂšre les prisonniers d’Alcine : trois arbres reprennent peu Ă  peu leur forme humaine primitive ; l’un d’eux est Astolphe (ASTO; str. 14-16). Vers le centre de la gravure, Roger chevauche sur la plage en direction du territoire de Logistille (str. 19-21). Tout en haut de la gravure, MĂ©lisse et Astolphe (MELI, ASTOL) montĂ©s sur l’hippogriffe volent vers Logistille (str. 18).    

Sur la gauche, Renaud (RIN) fait ses adieux au roi d’Écosse et à sa cour (str. 22-25) puis, vers le centre de l’image, non loin de Londres (LON) et de la Tamise (TAMI), il est accueilli par un prince qui occupe le siùge du roi en l’absence d’Othon (str. 28). En haut à gauche, on distingue Berwick (BERO).    

Au troisiĂšme plan Ă  gauche, au-dessus du serviteur au gerfaut, le viel ermite (ERE) rencontrĂ© par AngĂ©lique au chant II suscite des dĂ©mons pour s’emparer de la jeune fille (str. 32). Au centre de l’image, AngĂ©lique (AN) est entraĂźnĂ©e malgrĂ© elle dans la mer par son cheval, que l’ermite a ensorcelĂ© (str. 35-37).    

Vers le haut, Ă  droite, l’ermite tente de violer AngĂ©lique endormie (AN, ERE; str. 49-50). Les Ébudiens, dont le bateau est reprĂ©sentĂ© au-dessus de l’üle, les trouvent tous deux endormis (str. 61) : ils enlĂšveront AngĂ©lique.

Tout en haut Ă  droite est reprĂ©sentĂ© Paris (PARI). Roland (ORL) quitte Paris vers les troupes sarrazines Ă  la recherche d’AngĂ©lique (str. 86). Fleur-de-lys et Brandimart (FIOR, BRÃ) partent dans l’autre sens chacun de leur cĂŽtĂ© (str. 88-90).    

L’hippogriffe qui plane au premier plan en haut de la gravure produit le mĂȘme effet d’encadrement qu’à la gravure du chant 4, oĂč, montĂ© par Atlant, il est montrĂ© par l’aubergiste Ă  Brunel et Ă  Bradamante. Le systĂšme des territoires, caractĂ©ristique de la gravure narrative, est trĂšs net ici, avec les Ăźles de la partie supĂ©rieure de la gravure.        

On peut dégager une structure tripartite de la gravure :    

En bas, la palissade qui enclĂŽt la cour du chĂąteau d’Alcine dĂ©finit un premier espace, du combat. Ce combat est une anti-performance, Roger sur son cheval n’affrontant que des piĂ©tons qu’il prend au dĂ©pourvu : « trovĂČ le guardie sprovedute, e quando / giunse tra lor, non tenne il brando a lato », il prend les gardes au dĂ©pourvu et quand, les rejoignant, il se trouve au milieu d’eux, il ne garde pas son Ă©pĂ©e au cĂŽtĂ© (str. 3). La tournure nĂ©gative utilisĂ©e par l’Arioste renforce l’impression d’une transgression peu glorieuse des rĂšgles de la chevalerie.    

Le centre est l’espace du renversement symbolique : A gauche, l’attaque du serviteur au gerfaut est Ă©galement contraire aux rĂšgles de chevalerie et pose un problĂšme de conscience Ă  Roger, qui craint de dĂ©choir en combattant un vilain. Roger est ici reprĂ©sentĂ© de dos, la position ignominieuse du fuyard. Le recours au bouclier d’Atlant pour se dĂ©barrasser du vilain n’est pas reprĂ©sentĂ© sur cette gravure, peut-ĂȘtre parce que jugĂ© trop ignominieux. Il sera au contraire mis en valeur dans la gravure de Girolamo Porro. Enfin, l’évocation des dĂ©mons par l’ermite, au-dessus, complĂšte le tableau des immoralitĂ©s. À droite au contraire, MĂ©lisse ramĂšne les arbres Ă  leur forme humaine. Entre les deux, Roger galope vers Logistille, figurant par son parcours le renversement du mal vers le bien, de la nĂ©gation vers la refondation des valeurs. Un seul problĂšme cependant : il galope Ă  l’envers !    

L’espace du haut rĂ©introduit l’ordre de l’épopĂ©e : Ă  gauche, Renaud rassemble des troupes pour Charlemagne ; Ă  droite, le pĂ©ril qui menace AngĂ©lique est surmontĂ© par le dĂ©part de Roland Ă  son secours. MĂ©lisse conduisant Astolphe vers Logistille sur l’hippogriffe fait le lien entre les Ăźles et constitue un emblĂšme du Bien retrouvĂ©.

Annotations :

1. Gravure en recto, sur page de droite. NumĂ©ro d epage en haut Ă  droite, 60. En-tĂȘte centrĂ©, OTTAVO. Sur la page prĂ©cĂ©dente, qui ne contient pas seulement les notes, mais la fin du chant VII, l’en-tĂȘte est CANTO SETTIMO.

Sources textuelles :
Roland furieux, chant 08 (Roger contre Alcine, malheurs d’AngĂ©lique)
Sujet de recherche :
Iconographie du Roland furieux

Informations techniques

Notice #002180

Image HD

Identifiant historique :
A1499
Traitement de l'image :
Scanner
Localisation de la reproduction :
Collection particuliĂšre (Cachan)