La fausse Guenièvre; Renaud tue Polinesse (Roland furieux Anvers 1558, ch5)
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Analyse
Au premier plan à gauche, Renaud tue Polinesse. Au centre, la cavalier masqué est Ariodant, le champion masqué de Guenièvre. Derrière lui, Lurcain son frère observe également la scène.
A droite, le père de Guenièvre, le roi d’Écosse, assiste au combat entouré de ses chevaliers.
A l’arrière-plan, sur la gauche, Polinesse monte une échelle jusqu’au balcon de Guenièvre, où l’attend Dalinde, déguisée avec les vêtements de sa maîtresse Guenièvre. Derrière le mur d’une maison en ruines, Ariodant et son frère Lurcain observent cette mise en scène. C’est la seule gravure du XVIe siècle à notre connaissance où l’épisode du balcon soit représenté. Les gravures narratives ne représentent pas en principe les récits enchâssés : or c’est par Dalinde qu’il a rencontrée en route pour Saint Andrews que Renaud apprend l’épisode du balcon.
Pourquoi l’épisode du balcon est-il représenté ? C’est pour sa traîtrise que Polinesse est tué et c’est sa traîtrise que Polinesse confesse avant de mourir. Ce qui est représenté au-dessus de lui signifie ce qu’il est et ce pour quoi il meurt. L’articulation entre la partie supérieure gauche et la partie inférieure gauche de la gravure n’est pas narrative, mais symbolique. En fait, seul l’exploit de Renaud fait l’objet de la gravure. Tout est centré sur cette performance qui, à la fin du chant, rétablit in extremis les valeurs de la chevalerie.
Mais surtout la composition d’ensemble de la gravure est fondée sur l’articulation entre la partie gauche, où se joue la performance essentielle du chant, le combat de Renaud contre le traître Polinesse, et la partie droite, où cette performance est reçue, garantie, avalisée par le roi d’Écosse. Il ne s’agot pas ici de spectacle, mais bien de consécration. La frontière entre les deux parties de la gravure, matérialisée par le chevalier masqué (Ariodant), fonctionne comme une conjonction : Renaud tue Polinesse « de telle sorte que » le roi d’Écosse puisse rendre justice. La principale intéressée, Guenièvre, est d’ailleurs absente de l’image.
2. Le chant V est nommé chant IV (décalage depuis le chant III).
Informations techniques
Notice #002070