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La remontrance paternelle / ScĂšne de bordel - Gerard Terborch

Date :
1654
Nature de l'image :
Peinture sur toile
Dimensions (HxL cm) :
71x73
Lieu de conservation :
SK-A-404

Analyse

Goethe, dans une page des AffinitĂ©s Ă©lectives, dĂ©crit ainsi le tableau, qu’il aurait connu d’aprĂšs la gravure de Wille :

« Un pĂšre, un noble chevalier, est assis, les jambes croisĂ©es, et semble adresser des reproches sĂ©vĂšres Ă  sa fille, debout devant lui. D’une taille avantageuse, vĂȘtue d’une robe de satin blanc Ă  grands plis, elle n’est vue que par derriĂšre, mais toute sa pose annonce qu’elle fait un effort sur elle-mĂȘme. Cependant la remontrance n’est point vive et humiliante : on le voit Ă  la figure et au geste du pĂšre. Pour la mĂšre, elle semble dissimuler un peu d’embarras, car elle regarde dans un verre de vin, qu’elle est sur le point de boire. »

Franz Bellens, en 1911, reste encore grosso modo fidĂšle Ă  l’interprĂ©tation de Goethe (GĂ©rard Terborch, Bruxelles, G. Van Oest & Cie) :

« Ce que rĂ©vĂšlent cet homme assis dans une pose d’un calme dĂ©concertant, avec ce geste de la main droite Ă  la fois Ă©nergique et rĂ©servĂ©, cette femme dont le regard embarrassĂ© ne peut se dĂ©tacher de son verre, ce n’est pas une faute plus ou moins grave d’une jeune femme en satin blanc. C’est tout un coin de vie concentrĂ©e et intense. Trois gestes, d’une extrĂȘme simplicitĂ©, y suffisent. La jeune femme est bien chez elle. Tout y respire son parfum. Elle n’est point volage ; sur la table, les objets de sa toilette sont rangĂ©s avec ordre. Ainsi donc, cette femme, dont la conduite mĂ©rite les reproches parternels, se trouve ĂȘtre d’un aspect aussi digne que la plus parfaite des Ă©pouses ; elle a sans doute des amants, elle mĂšne une vie galante, et toute sa dissipation se trahit dans un ajustement d’un goĂ»t si sobre, dans ce miroir qui repose sur la table, comme un livre ouvert, et dans ce dĂ©cor sans surcharge oĂč l’alcĂŽve Ă  peine se devine... L’amour est-il donc chose si coupable, qui se consomme dans cet ordre, avec tant de mesure qu’on le croirait plutĂŽt rĂ©glĂ© par quelque rite austĂšre que par le caprice ou la passion ? »

Cette interprĂ©tation du tableau est abandonnĂ©e aujourd’hui, et le tableau porte au Rijksmuseum le titre de Conversation galante. Il s’agit lĂ  d’un euphĂ©misme, pour une scĂšne de bordel : devant la tenanciĂšre qui sirote un verre de vin mine de rien, un homme propose une piĂšce d’argent Ă  une prostituĂ©e. Le lit est au fond. Le chien protĂšge les femmes contre un Ă©ventuel agresseur.

Annotations :

3. Il existe une autre version de ce tableau Ă  Berlin, sans la porte Ă  droite.
Goethe aurait connu le tableau d’aprĂšs la gravure de Wille, qui portait pour titre « Instruction paternelle ».

Composition de l'image :
ScĂšne (espace vague/espace restreint)
Objets :
Porte
Personnage de dos
Lit
Chien

Informations techniques

Notice #001762

Image HD

Identifiant historique :
A1081
Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
https://www.rijksmuseum.nl (Amsterdam, Rijksmuseum)