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Saint-Florent dans la cellule de Justine (Nlle Justine, 1799, ch20, fig40)

Notice précédente Notice n°41 sur 41

Date :
Entre 1797 et 1799
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Sujet de l'image :
Enfer 2507 (4)

Analyse

Justine, faussement accusée de l’incendie d’une auberge, a été conduite chez son juge, Cardoville, qui l'a soumise à une série d'orgies. Elle a ensuite été ramenée dans sa cellule de prison, dans l'attente de son jugement. Saint-Florent, ami intime de Cardoville et ancien bourreau de Justine, vient lui rendre visite le lendemain de son retour en cellule. Il avoue apprécier particulièrement la jouissance d'une « femme condamnée à mort » (p. 1102). Il ordonne donc au geôlier de forcer Justine pendant qu'il le prend. La différence de costume entre les deux hommes indique leur différence de condition : le geôlier porte un bonnet et un pantalon, tandis que Saint-Florent est en redingote, culotte et bottes. Justine, subissant un des derniers sévices du roman, juste avant de retrouver sa sœur Juliette, ne peut plus supporter ce qu'elle subit et se cache les yeux avec ses mains. Même si ses gestes montrent son effroi, elle « se laisse faire machinalement » (p. 1104). Placé au centre de la gravure, Saint-Florent, en tant que libertin, agit en organisant le groupe : il est debout et soumet de son regard les deux autres individus. Cela contraste avec le visage masqué de Justine.

Le décor est celui d'une petite cellule voûtée aux murs de pierre. La porte est de bois, bien fermée, confinant les individus dans un petit espace restreint. Au premier plan à gauche, une lampe fumante posée sur un fût éclaire la pièce de sa lumière vive, projetant l'ombre des personnages sur le mur. Sous la lampe, Saint Florent a déposé sa canne et son chapeau au sol, à côté de la cruche à eau de la geôle. La cruche et la chapeau dessinent des yeux et constituent les embrayeurs visuels de la scène.

Sur le mur, au-dessus de la paillasse où est perpétré le viol, est tendue une ignoble pièce de rideau, qui tient lieu de rideau de lit. Cette pièce de rideau permet de rythmer la composition d'ensemble selon une organisation tripartite : à gauche la lampe devant la porte, au centre devant le mur nu Saint-Florent, à droite le geôlier et Justine sous le rideau de lit. Cette structure est narrative : ils sont entrés, ils l'ont violée, elle a succombé. Le graveur est parti d'une composition en triptyque qu'on retrouve dans plusieurs gravures de la série, même si ici le panneau de gauche est réduit à sa plus simple expression. Le spectateur est placé face à la porte de la cellule, l'embrayeur visuel est disposé en face de la porte, mais le groupe orgiaque se déploie perpendiculairement à cet axe, selon le principe du quart de tour scénique.

Annotations :

1. Au-dessus de la gravure à gauche « T. IV. », à droite « P. 353. »

Objets :
Rideau (fond de scène)
Porte
Main masquant le visage
Chapeau au sol
Canne ou épée à terre
Sources textuelles :
Sade, Donatien Alphonse François, marquis de (1740-1814)
La Nouvelle Justine, chapitre XX, Pléiade, p. 1103

Informations techniques

Notice #001678

Image HD

Identifiant historique :
A0997
Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
https://gallica.bnf.fr