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Les Monuments des anciennes amours (La Nouv. Héloïse, Rey 1761 fig8) - Gravelot

Date :
Entre 1760 et 1761
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre, eau-forte
Sujet de l'image :
Lieu de conservation :
RESERVE-8-BL-34363 (4)
Œuvre signée
Légende

Analyse

Saint-Preux, à l’occasion d’une halte à Meillerie entraînée par la tempête qui a interrompu leur promenade sur le lac, entraîne Julie sur l’esplanade d’où il pouvait observer Clarens, de l’autre côté du lac, quand son amante lui avait demandé de s’éloigner (partie I, lettre 26). Il montre à Julie les vers et le chiffre de la jeune fille (« JE » pour Julie d’Etange) qu’il avait gravés dans le rocher (partie IV, lettre 17).

« Le paysage est ici ce qui demande le plus d’exactitude. Je ne puis mieux le représenter qu’en transcrivant le passage où il est décrit. 
Nous y arrivâmes après une demi-heure de marche, par quelques sentiers ombragés et tortueux qui montaient insensiblement entre les rochers, et n’avaient rien de plus incommode que la longueur du chemin. Ce lieu solitaire formait un réduit sauvage et désert, plein de ces sortes de beautés qui ne touchent que les âmes sensibles, et paraissent horribles aux autres. Un torrent formé par la fonte des neiges, roulait à vingt pas de nous une eau bourbeuse, et charriait avec bruit du limon, du sable et des pierres. Derrière nous, une chaîne de roches inaccessibles séparait l’esplanade où nous étions de cette partie des Alpes qu’on nomme les Glacières, parce que d’énormes sommets de glaces qui s’accroissent incessamment les couvrent depuis le commencement du monde. Des forêts de noirs sapins nous ombrageaient tristement à droite ; un grand bois de chênes était à gauche au-delà du torrent ; et, presque à pic au-dessous de nous, cette immense plaine d’eau que le lac forme au sein des montagnes nous séparait des riches côtes du pays de Vaud, dont le spectacle était couronné par la cime du majestueux Jura.
Au milieu de ces grands et superbes objets, le petit terrain où nous étions étalait les charmes d’un séjour riant et champêtre. Quelques ruisseaux filtraient à travers les rochers, et roulaient sur la verdure en filets de cristal. Quelques arbres fruitiers sauvages penchaient leurs têtes sur les nôtres. La terre humide était couverte d’herbe et de fleurs. En comparant un si doux réduit aux objets qui l’environnaient, il semblait que ce lieu désert dût être l’asile de deux amants échappés seuls au bouleversement de la nature.
[Citation avec des variantes du texte de la L.17 de la 4e partie, NH, p.518, GF p. 615]
Il faut ajouter à cette description que deux quartiers de rochers tombés du haut et pouvant servir de table et de siége doivent être presque au bord de l’esplanade ; que dans la perspective des côtes du pays de Vaud qu’on voit dans l’éloignement, on distingue sur le rivage des villes de distance en distance, et qu’il est nécessaire au moins qu’on en aperçoive une vis-à-vis de l’esplanade ci-dessus décrite.
C'est sur cette esplanade que sont Julie et son Ami ; les deux seuls personnages de l'Estampe. L'Ami posant une mai sur l'un des deux quartiers lui montre de l'autre main et d'un peu loin des caractères gravés sur les rochers des environs. Il lui parle en même temps avec feu ; on lit dans les yeux de Julie l'attendrissement que lui causent ses discours et les objets qu'il lui rappelle ; mais on y lit aussi que la vertu préside, et ne craint rien de ces dangereux souvenirs.
Il y a un intervalle de dix ans entre la première Estampe et celle-ci, et dans cet intervalle Julie est devenue femme et lère ; mais il est dit qu'étant fille, elle laissait dns son ajustement un peu d négligence qui la rendait plus touchante ; et qu'étant femme elle se parait avec plus de soin. C'est ainsi qu'elle doit être dans la Planche septième ; mais dans celle-ci, elle est sas parure, et en robe du matin. » (GF p. ​​​​​​​901-902)

Annotations :

1. Signé sous la gravure à gauche « H. Gravelot del.[ineavit] », à droite « PP. Choffard Sculp.[sit] ».
Légende sous les signatures « Les monumens des anciennes amours ».

3. Exemplaire de 1764, Paris, Duchesne.
Autre exemplaire : collection particulière, Montpellier, le vol 3 seul. Cette gravure est identique à la dernière de l’édition de 1741 de Pamela, dans l’exemplaire présenté sur le site de l’université du Michigan. Elle est alors identifiée comme Pamela et Mr. B jouissant du paysage.

Composition de l'image :
Objets :
Inscription
Sources textuelles :
Rousseau, La Nouvelle Héloïse, IV L17 (Julie et SP aux rochers de Meillerie)
4e partie, lettre 17
Sujet de recherche :
B. Tane, Roman&Illustration, chap. Rousseau

Informations techniques

Notice #001530

Image HD

Identifiant historique :
A0849
Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
https://gallica.bnf.fr