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Ariodant & le roi d’Ecosse, Roger & l’hippogriffe (Roland furieux 1584 ch6) - G. Porro

Attribution incertaine
Date :
1584
Date incertaine
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Dimensions (HxL cm) :
20,3x14 cm
Sujet de l'image :
Résac yd 396

Analyse

Le premier plan de la gravure se situe sous les murs (« le mura » ; V, 78) de Saint-Andrews, où le roi d’Écosse tient sa cour; l’arrière-plan est occupé par l’île d’Alcine, au-delà des colonnes d’Hercule (VI, 17), en plein océan Atlantique. Ces deux espaces, géographiquement hétérogènes, sont séparés par un mur de convention. Le mur est donc à la fois mur matériel de la cité de Saint-Andrews et mur structurel de division des espaces de la représentation.    
Le premier plan correspond aux seize premières strophes, qui concluent l’histoire d’Ariodant et de Guenièvre, commencée au chant précédent. Rappelons qu’il y a eu deux combats : Lurcain a vu son frère Ariodant se jeter dans la mer, désespéré de ce qu’il croyait être l’infidélité de Guenièvre avec Polinesse, mais qui n’était qu’une mise en scène. Lurcain, pour venger la mort supposée de son frère, accuse publiquement Guenièvre. Ariodant qui n’est pas mort revient incognito et réclame contre son frère un duel judiciaire, pour laver l’honneur de Guenièvre, qu’il aime toujours malgré ce qu’il croit avoir vu. Ce duel entre les deux frères est interrompu par l’arrivée de Renaud qui, grâce au récit de Dalinde, la servante de Guenièvre séduite par Polinesse pour monter la mise en scène des amours de Guenièvre, démasque Polinesse. Renaud provoque alors au combat Polinesse, le vrai coupable, et triomphe.    
La scène représentée sur la gravure se situe sur le « campo » du combat judiciaire (« un prato spazïoso e piano », V, 79). Elle illustre en fait la dernière strophe du chant V (str92) : à droite, le roi d’Écosse qui a fini de féliciter Renaud, à sa gauche, pour sa victoire contre le traître Polinesse, se tourne vers le mystérieux chevalier qui a pris la défense de sa fille injustement accusée d’amours illégitimes, provoquant le duel judiciaire contre Lurcain. L’inconnu vient de descendre de son cheval et découvre son identité en ôtant son casque : son nom ne sera donné qu’au début du chant VI (str3). Le roi tend alors les bras vers Ariodant et lui accorde la main de sa fille Guenièvre, dont il a su rester l’amant respectueux et fidèle. Il s’agit donc à la fois d’une scène de pardon, de reconnaissance et de consentement.    
Au second plan, en haut à droite, Roger (dont on ne distingue que la jambe gauche) monté sur son hippogriphe pique vers l’île d’Alcine (str19). Tout à gauche, il attache malencontreusement sa monture à un myrte, qui n’est autre qu’Astolphe métamorphosé parAlcine (str23). Plus à droite il se repose et se désaltère à la rivière (str25). Au centre, sur les conseils d’Astolphe il prend la route des montagnes vers la droite, afin d’éviter la cité d’Alcine, à gauche (str55-60). A droite, un peu plus haut, il rencontre, comme le lui avait annoncé Astolphe, une troupe de créatures monstrueuses chargées de le repousser vers la cité d’Alcine. Il engage alors un combat inégal (str61-67), interrompu, plus haut au centre, par l’arrivée de deux belles dames montées sur des licornes et venant de la ville (str68). Il les suit jusqu’à la cité où il reçoit un magnifique coursier en échange de son hippogriphe (str76) : pour simplifier, la gravure présente Roger devant les deux dames, tenant le cheval par la bride. L’hippogriphe a disparu.    
L’espace de la représentation est complété par des personnages ornementaux qui n’interviennent pas dans la narration : au premier plan à droite, deux lapins, un cerf et une biche se promènent dans la forêt. A gauche, au dessus de l’hippogriphe attaché au myrte, deux chevrettes sont étendues dans l’herbe. En haut à gauche, deux promeneurs sortent de la ville. En haut à droite, derrière un bras de mer ou une rivière, un homme est appuyé sur un bâton. Enfin, dans le lointain, on distingue les voiles de quelques bateaux.        
Si Girolamo Porro suit la composition de l’édition Valgrisi dans la partie supérieure de la gravure, la partie inférieure est de son cru, ce qui explique probablement son caractère extrêmement scénique.

Annotations :

1. La gravure est numérotée VI dans un petit médaillon en haut au centre de la bordure. En haut à gauche, numéro de la page, 50 et CANTO [SESTO, page de droite]. Argument, p. 51 : « Con l’amata sua Donna Ariodante Ha in dote il bel Ducato d’Albania. Ruggiero in tanto sù’l destrier volante Al regno capitò d’Alcina ria. Oue da l’uman Mirto ode le tante Frode di lei, e per partir d’inuia; Ma troua alto contrasto; echi da pena Indi l’ha tratto à noua pugna il mena. » 3. G. Porro a ajouté la scène écossaise parrapport à la composition de la gravure Valgrisi.

Objets :
Mur ou séparation
Licorne
Hippogriphe, Pégase, cheval ailé
Cheval
Sources textuelles :
Roland furieux, chant 06 (Roger et l’hippogriffe, Astolphe en myrte)
Sujet de recherche :
Iconographie du Roland furieux

Informations techniques

Notice #001298

Image HD

Identifiant historique :
A0617
Traitement de l'image :
Scanner
Localisation de la reproduction :
Montpellier, Inst. de rech. sur la Renaissance l’âge classique & les Lumières